Devoirs du soir : faut-il aider son enfant ?

Par Anna L.

Le 21 février 2025

Accompagner un adolescent dans ses devoirs sans l’étouffer : trouver l’équilibre entre soutien bienveillant, autonomie et confiance mutuelle

Les devoirs scolaires, ces rituels quotidiens qui marquent la fin de journée de nombreux adolescents, cristallisent bien souvent des tensions au sein du foyer. Si la volonté parentale d’accompagner l’enfant dans sa scolarité est légitime, la question du juste positionnement se pose : comment être présent sans envahir, comment soutenir sans priver l’adolescent de son autonomie ?

Dans l’esprit de nombreux parents, la réussite scolaire de leur enfant s’entrelace avec un sentiment de responsabilité personnelle. Cette implication, parfois teintée d’angoisse, s’accentue à l’adolescence, période charnière où le jeune revendique une indépendance accrue tout en restant en tension avec l’autorité parentale. Dans ce contexte, les devoirs du soir prennent une dimension symbolique qui dépasse leur fonction académique : ils deviennent souvent le terrain d’un bras de fer inconscient entre le besoin d’émancipation de l’adolescent et le désir parental de maîtrise.

Superviser, corriger ou orienter le travail scolaire ?

Certains parents éprouvent une nécessité presque irrépressible de superviser, corriger ou orienter le travail scolaire, comme s’il s’agissait d’une prolongation de leur propre parcours éducatif. Cette posture, bien que guidée par l’intention de bien faire, peut générer une pression implicite. L’adolescent, en quête de reconnaissance, aspire à s’approprier ses réussites, mais aussi à expérimenter ses erreurs sans intervention immédiate. Apprendre à échouer est un processus souvent occulté au profit d’une conception performative de la réussite.

Dès lors, quel rôle les parents peuvent-ils jouer ? Si leur présence bienveillante est précieuse, elle peut également être perçue comme un contrôle latent. De nombreux adolescents expriment, parfois sans mots, le poids de cette attente parentale. Le véritable enjeu réside alors dans la délicate articulation entre un accompagnement discret et une écoute disponible. L’adolescent ne cherche pas tant des réponses toutes faites que la possibilité d’un dialogue où il se sent reconnu dans son effort et soutenu dans ses questionnements.

Climat familial

Le climat familial dans lequel s’inscrivent les devoirs est également déterminant. Un environnement serein, où l’on respecte le rythme et les besoins du jeune, favorise une approche plus apaisée de la tâche scolaire. À l’inverse, une atmosphère marquée par l’impatience ou des attentes implicites peut engendrer un stress supplémentaire, pesant sur la motivation et la qualité du travail effectué.

Un aspect souvent sous-estimé est l’impact du regard parental sur la perception que l’adolescent a de lui-même. Même en l’absence de remarques explicites, il est attentif aux signaux non verbaux de satisfaction ou de déception. Ainsi, la manière dont les parents expriment leur engagement dans la scolarité de leur enfant influence profondément son rapport au savoir et à l’effort.

En définitive, la notion d’« aide » mérite d’être repensée. Il ne s’agit pas simplement d’une assistance technique, mais d’une reconnaissance des efforts fournis, d’une valorisation progressive de l’indépendance et d’une présence ajustée. L’adolescent a besoin de savoir que ses parents sont là, non pas pour contrôler, mais pour offrir un soutien à la fois discret et inconditionnel. L’essentiel réside peut-être dans cette posture d’accompagnement en retrait, où la confiance prime sur l’intervention, et où l’écoute silencieuse vaut parfois mieux qu’une parole directive.