Pølitique

49.3 : Quand la politique fait du rap hardcore

Par Laika 031157

Le 11 février 2025

49.3 : quand la politique devient un remix de NTM. Passage en force, Parlement muselé, démocratie sous tension... La politique française en mode hardcore

49.3 : quand la politique devient un remix de NTM. La politique française en mode hardcore

Depuis quelques années, la politique française ressemble à un concert de NTM : bruyante, contestataire et rythmée par des « C’est comme ça que ça se passe ! » Mais l’Élysée, visiblement inspiré par les punchlines du groupe mythique du 93, a décidé d’aller encore plus loin en remixant la Constitution à sa sauce.

49.3 : le beat qui passe en force

C’est devenu le tube incontournable des institutions françaises : l’article 49.3 de la Constitution est désormais le « flow » préféré des gouvernements pour imposer leurs lois. Loin d’être un freestyle improvisé, ce dispositif permet de faire adopter un texte sans vote, en court-circuitant l’Assemblée nationale. Une technique qui rappelle les heures les plus chaudes du rap français, où il fallait souvent passer en force pour se faire entendre. « On est passé par la fenêtre car on nous fermait la porte », rappaient Kool Shen et JoeyStarr. L’exécutif, lui, préfère l’entrée en force par l’article 49.3.

Du « Qu’est-ce qu’on attend ? » au « Qu’est-ce que vous allez faire ? »

En 1995, NTM demandait « Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? » Aujourd’hui, on pourrait leur répondre : « Pas grand-chose, vu qu’on a déjà cramé la démocratie parlementaire ! » L’usage répété du 49.3 par les différents gouvernements a transformé le Parlement en simple figurant du clip officiel de la politique française. Chaque session parlementaire ressemble à une battle truquée où les députés d’opposition tentent de placer quelques punchlines avant que le beat du 49.3 ne les coupe net.

Les récents projets de loi sur la réforme des retraites, le budget ou encore la politique migratoire ont été adoptés avec ce fameux joker constitutionnel. Et face à cette méthode, l’opposition, réduite à lancer des motions de censure comme des bouteilles à la mer, se retrouve aussi impuissante qu’un groupe de rappeurs interdit d’antenne sur Skyrock.

JoeyStarr à Matignon ?

Si on suit cette logique, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et confier Matignon à JoeyStarr ? Après tout, lui aussi est un expert en phrases chocs et en prises de position musclées. Son « Pose ton gun » deviendrait « Pose ton 49.3 », un appel à l’exécutif pour calmer le jeu et rendre enfin la parole aux élus du peuple.

Car soyons honnêtes : à force de voir les lois être adoptées sans vote, on pourrait croire que la France est passée en mode autogestion dirigée par un algorithme gouvernemental. Un peu comme si ChatGPT était devenu Premier ministre, avec pour seule réponse à chaque projet de loi : « 49.3 validé, loi adoptée, prochaine question ? »

« J’appuie sur le bouton et tout est OK »

L’usage abusif du 49.3 nous rappelle une autre punchline mythique de NTM : « J’appuie sur la gâchette et tout est OK ». Sauf qu’ici, c’est la gâchette de la Constitution qui est coincée sur « forcé ».

Dans les rues, la contestation gronde. « On est en démocratie, ou bien ? » entend-on dans les manifestations. On imagine déjà un futur remix de « Police » version politique : « Politique, qu’est-ce qui se passe ? Trop de 49.3, on est en trance ! » Car à ce rythme, il ne restera bientôt plus que le Conseil constitutionnel pour jouer les arbitres de ce clash permanent entre le pouvoir et le Parlement.

La dissolution, dernier freestyle ?

Alors que certains rêvent d’une dissolution de l’Assemblée pour remettre un peu de suspense dans le jeu politique, d’autres s’interrogent : la Cinquième République est-elle devenue une dictature molle rythmée par des « On prend les mêmes et on recommence » ? Car en matière de politique, comme en rap, le plus dur, c’est de se renouveler.

En attendant, le gouvernement continue son passage en force, et l’opposition cherche encore le freestyle qui fera trembler Matignon. Mais une chose est sûre : comme le disait NTM, « Le monde de demain », c’est pas pour tout de suite.