Le « no code » promet de programmer sans coder. Le « no gode », lui, propose d’aimer sans prothèse, ni dongle USB. Une révolution tactile à main nue.
Dans la Silicon Valley des chairs sensibles, le no code s’est fait évangile : il faut pouvoir coder sans coder, automatiser sans savoir, créer sans comprendre. Autrement dit : produire sans produire, comme on fait du bruit sans musique. Fort de cette illumination, l’industrie du sexe s’est posé la question qui change tout : et si on faisait pareil avec les godemichés ? Si on pouvait jouir sans interfaces ? Sans vibration Bluetooth ni app compagnon ? Bref, le no gode est né.
Mais attention, le no gode n’est pas un retour à l’âge de pierre ou à la chasteté manuelle, c’est une philosophie de l’accès direct, de la suppression de la surcouche technophile. Fini les gadgets connectés au cloud, le vrai clou du spectacle c’est vous, et vos doigts, vos peaux, vos plis. Le no gode, c’est mettre la main dedans – au sens très littéral, mais aussi poético-politique.
Oui à l’orgasme open source !
À l’heure où les bits se dématérialisent en avatars 3D sur OnlyFans et les bytes se bousculent dans nos sextapes stockées sur Google Drive, le no gode dit : « arrêtez tout ». Débranchez les scripts, touchez le scriptum. Faites crash les API de l’ennui. Éteignez vos dildos connectés qui vous demandent une mise à jour avant chaque orgasme. C’est quoi ce monde où pour jouir il faut un mot de passe à huit caractères, une majuscule et un chiffre ?
« Le no gode, c’est le refus du plaisir délégué, automatisé, algorithmisé. »
Le no gode, c’est la rébellion contre l’UX de la baise standardisée. Pourquoi confier votre libido à une start-up de Tel-Aviv ou à un couple de techos suédois fans de silicone biodégradable ? Le no gode remet du bug dans la chair, du crash dans la caresse, du lag dans la langueur.
Certains crient au retour du tactile, du guiliguili total, cette informatique du désir où l’on se reprogramme en caressant sans honte l’interface principale : soi-même, ou un.e autre, sans firewall. Et pour ceux qui regrettent les plugins, qu’ils se rassurent : rien n’interdit d’inventer, en low tech, des godes artisanaux, faits maison, en poterie, en pain, ou en conscience. Le no gode n’est pas contre les outils, il est contre leur fétichisation. C’est un manifeste pour l’orgasme open source.
En somme, le no gode, c’est le refus d’outsourcer sa jouissance. C’est foutre à la corbeille les notices et les scripts, pour rebrancher la libido sur le courant alternatif du réel, celui qui crépite, qui tache, qui fait des erreurs de syntaxe sans jamais s’ennuyer.
(c) Ill. têtière : Raoul Verlet, La douleur d’Orphée (détail), 1887. Petit Palais. Photo Pr4vd4.

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