Econømie

Cinéma : « Silence, on subventionne ! »

En France, le cinéma est un chef-d’œuvre fiscal : peu vu, souvent subventionné, toujours rentable… mais surtout pour ceux qui le tournent.

En France, le cinéma est un chef-d’œuvre fiscal : peu vu, souvent subventionné, toujours rentable… mais surtout pour ceux qui le tournent

Le modèle français de financement du cinéma, où l’argent public alimente un système aussi généreux qu’opaque, louvoie entre cachets confortables, films invisibles et critiques complices. Se dessine une « exception culturelle » qui tient davantage de la subvention perpétuelle que du soutien à la création. Plongée dans les coulisses d’un 7ᵉ art qui a troqué son public contre des aides d’État.

Episode 1 : Un pays où l’argent public fait son cinéma

Bienvenue en France, ce beau pays où l’exception culturelle consiste à transformer chaque euro d’impôt en ticket gagnant pour le dernier chef-d’œuvre existentiel d’un réalisateur barbu filmant des portes qui claquent en plan fixe. Ici, même les bides sont co-financés. C’est ça, la magie du 7e art façon Bercy :
On prend vos sous, on finance un film que personne ne verra, et on recommence.

Un système si généreux qu’il ferait pleurer de jalousie « Le Père Noël est une ordure » — sauf que là, c’est pas Thérèse qui tricote des pulls moches, c’est le CNC qui tricote des bilans déficitaires.

Episode 2 : Les acteurs, intermittents du jackpot

À chaque fois que vous payez votre baguette 15 centimes de plus, quelque part dans le Marais, un acteur français encaisse son cachet de 400 000 euros, payé en partie par vos bons soins.

C’est beau, c’est solidaire, c’est la France, subvention à la clé, cachets confortables, entrées de cinéma molles du genou. Moralité : quand le film se plante, c’est vous qui payez l’ambulance. Quand il cartonne (cas rarissime), c’est eux qui empilent les liasses.

C’est ce qu’on appelle une économie circulaire. Sauf que l’argent ne fait qu’un tour, et devinez chez qui il s’arrête.

Episode 3 : Les nanars que vous financez sans le savoir

Le cinéma français, c’est un peu comme une réunion de copropriété : 80 % des décisions sont mauvaises, 20 % finissent en procès. Mais comme on est polis, on subventionne d’abord, on s’excuse après.

Chaque année, l’État finance vaillamment une armée de films expérimentaux qui sortent en catimini, dans une salle du 11e arrondissement, le mercredi à 11h45, pour une durée de vie équivalente à celle d’un yaourt périmé.

Résultat : en 2019, un tiers des films français a fait moins de 20 000 entrées. Soit l’équivalent de l’audience d’un tuto tricot sur YouTube.

Le vrai pitch du film ? « Comment transformer l’argent public en silence radio ». Et ça marche à tous les coups.

Episode 4 : L’industrie du cinéma, ce scénario qu’on n’ose plus réécrire

Chez nous, subventionner le cinéma est devenu un réflexe pavlovien. Peu importe le pitch, peu importe le scénario, peu importe si même votre grand-mère n’a pas envie d’aller le voir : tant qu’il y a une note d’intention de 27 pages expliquant que c’est une « critique sociale douce-amère sur la solitude contemporaine », les sous tombent.

C’est beau comme une scène d’amour sans budget costume.
L’État distribue, le CNC valide, les producteurs encaissent, et le public reste… chez lui.

Le pire ? Quand le film sort, la critique l’encense. Logique : tout le monde connaît tout le monde dans cette grande famille recomposée. Le contribuable, lui, n’est invité qu’à la note.

Episode 5 : Comédie française, tragédie budgétaire

Mais attention, il serait malvenu d’accuser nos chers cinéastes et acteurs d’hypocrisie.
Ils défendent bec et ongles « l’exception culturelle française » et son financement public. La preuve : ils sont les premiers à en profiter. Une fidélité rare dans ce métier.

Prenez les « comédies populaires » françaises subventionnées. Eh bien, vos impôts sont dans le générique, juste après « merci à nos partenaires ».

On pourrait presque proposer un César du « Meilleur contribuable dans un second rôle » à chaque foyer fiscal.

Épilogue : Le cinéma français, ce film sans fin

Le vrai problème, ce n’est pas que nos impôts financent des films. C’est qu’on finance tout et n’importe quoi, sans jamais passer par la case « Est-ce que quelqu’un a envie de voir ça ? ».

Un modèle si bien rodé que même dans « Les Bronzés font du ski », on n’aurait pas osé :
— « Tu fais quoi cet hiver ? »
— « Je vais tourner une daube subventionnée. »
— « T’es payé ? »
— « Évidemment. C’est l’État qui régale. »

En France, on a inventé le premier cinéma sans spectateurs, mais qui rapporte quand même… à ceux qui le fabriquent.

Post-générique : Conseil d’ami

La prochaine fois que vous verrez passer un film français qui s’annonce « audacieux, subversif, et engagé », souvenez-vous : c’est vous qui l’avez financé. Même si vous préférez les Marvel.

Et si un jour un réalisateur vous dit « Je fais ça pour l’art, pas pour l’argent », demandez-lui juste d’où vient son budget.

A lire sur Pr4vd4.net : Le cinéma français n’a pas de public, mais il a des subventions !

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