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Cinéma – Emmanuelle 2024 : l’érotisme sous Xanax

Le nouveau Emmanuelle promet l’érotisme mais livre surtout de l'ennui. 90 minutes de glace avant 15 minutes de chaleur... un peu tard.

Le nouveau Emmanuelle promet l’érotisme mais livre surtout de l’ennui. 90 minutes de glace avant 15 minutes de chaleur… un peu tard.

Audrey Diwan revisite le mythe d’Emmanuelle avec Noémie Merlant dans le rôle-titre. Promesse de sensualité réinventée ou simple pub de luxe ? On est bien loin du brûlant sulfureux attendu. Entre quête existentielle et froideur clinique, l’érotisme se fait désirer, littéralement. Par Frédéric B., écrivain, littérateur chez Grasset et Flammarion (entre autres).

Audrey Diwan, qui avait mis tout le monde d’accord avec L’Événement, décide de s’attaquer au mythe d’Emmanuelle comme si elle allait réinventer l’eau tiède. Noémie Merlant en Sylvia Kristel moderne, ça fait rêver, non ? Sauf que non, en fait. Emmanuelle 2024, c’est comme fantasmer sur une soirée BDSM et finir dans une thérapie de groupe chez Laurent Ruquier. Le soufflé n’a même pas pris avant de retomber. Ça vous donne une idée du niveau.

Quand le sexe devient aussi excitant qu’un contrôle fiscal

On commence pourtant fort. Enfin, on nous vend du lourd : Emmanuelle, contrôleuse qualité dans un palace 5 étoiles, passe ses journées à checker les draps en soie et à distribuer des bons ou mauvais points comme un prof de techno. « Feu rouge sur les oreillers, feu vert sur les massages », c’est le jeu du désir dans un univers de luxe froid et climatisé. Diwan nous balance des scènes qui ressemblent à des pubs pour parfums mais où le parfum du sexe est resté dans la salle d’attente. Un mauvais film de culte en somme. On parle ici d’une héroïne censée incarner le désir, mais qui semble plus fascinée par les finitions de son oreiller que par ses partenaires. Ça me rappelle mes personnages de 99 francs, à s’agiter dans tous les sens mais sans savoir pourquoi.

15 minutes de sexe… après 90 minutes de coma

Le nouveau Emmanuelle promet l’érotisme mais livre surtout de l'ennui. 90 minutes de glace avant 15 minutes de chaleur... un peu tard.
Emmanuelle, chatte siamoise brûlante, pour Google le censeur puritain

Le film a un super pouvoir : il arrive à rendre ennuyeux ce qui, de base, devrait vous faire monter au plafond. Imaginez : Emmanuelle, perchée dans sa bulle de luxe, se masturbe mollement en observant une prostituée, comme si c’était le point culminant de sa journée. Mais on continue d’espérer, comme un client frustré devant une bouteille vide. Et puis, miracle ! Les 15 dernières minutes. Là, Emmanuelle se perd enfin dans les quartiers interlopes de Hong Kong, on retrouve la ville, la vraie, ses néons sales, ses ruelles sombres. Soudain, le film décolle, il se passe enfin quelque chose ! Emmanuelle se tape un bel inconnu dans un hangar, dirigée par un Japonais qui traduit ses instructions en chinois. Ouais, c’est chelou, mais là on se dit : « Ah, enfin ! »

Frustrant comme un buffet vegan dans une rave

Sauf que c’est déjà trop tard. À ce stade, vous avez déjà envoyé des textos, maté le plafond, fait une liste mentale de courses. Ce n’est pas du cinéma érotique, c’est du cinéma sous Xanax.

En gros, ce Emmanuelle 2024, c’est comme une fausse promesse Tinder : sur la photo, ça envoie, mais en vrai, c’est plus tiède qu’un bain d’hôtel bas de gamme. Audrey Diwan voulait sûrement nous en foutre plein la gueule avec son féminisme bien-pensant, mais elle oublie un truc : l’érotisme, c’est du plaisir pur, de la sueur, du cœur qui bat, pas des réunions d’hôtel sur la clim. Il manque ce truc en plus, ce petit frisson. Peut-être pour les 60 ans d’Emmanuelle, qui sait ? Mais pour l’instant, on reste sur notre faim.

Frédéric B., écrivain, littérateur chez Grasset et Flammarion (entre autres).

Lire la critique de Emmanuelle 2024 par la très bonne, croyez-moi, Knut Ella

(c) Ill. Pexels

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