Dans cet entretien criant de vérité, Jacques-Édouard Frichet, producteur archétypal du cinéma subventionné, dévoile sans détour les rouages d’un système où le public est accessoire, le scénario secondaire, et la subvention… essentielle, dévoilant une satire grinçante de l’exception culturelle à la française, où l’on transforme des œuvres invisibles en performances budgétaires hautement rentables – pour les initiés.
Entretien exclusif avec Jacques-Édouard Frichet, producteur d’émotions… et d’aides publiques.
Pr4vd4 : Jacques-Édouard Frichet, merci de nous accorder cet entretien. On vous connaît pour avoir produit une trentaine de films que personne n’a vus, mais qui ont pourtant coûté une fortune. C’est un business model ?
Jacques-Édouard Frichet : Absolument. Vous savez, le public, c’est surfait. Ce qui compte, c’est le dossier CNC bien ficelé, les bonnes cases cochées, le bon sujet sociétal et une pincée d’acteurs « bankables ». Après, que personne ne vienne au cinéma… c’est un détail technique.
Pr4vd4: Mais enfin, un film est censé trouver un public, non ?
Jacques-Édouard Frichet : Ah, ça c’est le discours des Américains. Chez nous, le cinéma est une œuvre d’art, pas un produit de consommation. Le but, c’est que ça existe, pas que ça plaise. Et vu que l’État paie, franchement, pourquoi se fatiguer à faire un truc regardable ?
Pr4vd4: Pourtant, beaucoup de vos films sont des comédies. On pourrait croire que c’est pour attirer le public.
Jacques-Édouard Frichet : Oui, mais attention : des comédies subventionnables, pas drôles. C’est subtil. Il suffit qu’un personnage ait un cancer, une rupture amoureuse ou soit en fauteuil roulant, et hop ! On passe de « nanar » à « œuvre sensible soutenue par le CNC ». La magie de la ligne budgétaire.
Pr4vd4: Comment choisissez-vous vos acteurs ?
Jacques-Édouard Frichet : Simple : je prends les plus chers. Ça rassure les financeurs. Plus c’est cher, plus ça fait sérieux. Et puis, si on peut verser 400 000 euros de cachet à une star, c’est qu’on a bien géré la subvention. Une sorte de validation par le pognon.
Pr4vd4: Et si le film est un flop total ?
Jacques-Édouard Frichet : Flop ? Vous voulez dire « performance commerciale alternative » ! Chez nous, on ne parle jamais d’échec, seulement de public qui n’a pas compris la démarche artistique. Et vu que les subventions couvrent déjà 80 % du budget, il suffit de vendre le film à une plateforme moldave et tout rentre dans l’ordre. Le contribuable, lui, a déjà payé la note d’avance.

Pr4vd4: Certains dénoncent une hypocrisie du milieu, qui vit sur fonds publics mais se drape dans le discours d’indépendance et d’« exception culturelle ». Une réaction ?
Jacques-Édouard Frichet : Hypocrisie ? Non, cohérence ! L’exception culturelle, c’est précisément ça : produire des films que personne ne voit, financés par des gens qui ne le savent pas, défendus par des professionnels qui s’en foutent. C’est tout un art.
Pr4vd4: Vous préparez quelque chose en ce moment ?
Jacques-Édouard Frichet : Oui, une comédie dramatique contemplative sur le deuil d’un skate-board cassé dans une cité sensible, filmée en noir et blanc, sans dialogues, avec trois minutes de silence sur fond de palissades en plan fixe. 2,7 millions d’euros de budget prévus. L’avance sur recettes est déjà signée, on n’a même pas écrit le scénario.
Pr4vd4: Un mot pour conclure ?
Jacques-Édouard Frichet : Vive la France. Vive la culture. Et surtout : vive le CNC ! C’est grâce à lui que mon banquier rit plus que mes spectateurs.
A lire sur Pr4vd4.net : Cinéma : « Silence, on subventionne ! »

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