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La rentrée des classes en marronniers

Une rentrée où rien ne manque : larmes discrètes, fournitures chères, profs en mission. L’École recommence à marcher dans l’ordre du monde

Une rentrée où rien ne manque : larmes discrètes, fournitures chères, profs en mission. L’École recommence à marcher dans l’ordre du monde

Ils sont revenus sur le bitume (ou la cour végétalisée) des écoles, les sacs et cartables chargés de fournitures, les yeux parfois humides, souvent curieux, parfois inquiets…

Les grilles s’ouvrent tôt le matin. Un flux de parents hésitants, d’enfants en équilibre entre larmes et excitation, d’enseignants debout depuis l’aube. Les plus petits s’agrippent, les plus grands soupirent. Entre deux prises de température symbolique et quelques consignes distillées sur le trottoir, les retrouvailles ont lieu. L’étrange cérémonie de l’entrée en classe, sobrement codifiée, s’accompagne d’un ballet bien huilé : prénoms affichés, étiquettes autocollantes, appels au calme. Rien ne manque à ce cérémonial.

Stylos à quatre couleurs, calculatrices à six chiffres, tickets de caisse à huit

Cette année encore, l’équipement scolaire reste un marqueur économique. Le crayon n’est pas qu’un outil d’apprentissage, c’est un indicateur d’indice des prix à la consommation. Rayons épluchés, listes officielles discutées, achats groupés ou différés : les familles jonglent entre exigence pédagogique et réalité du budget. Les livres ? D’occasion quand c’est possible. L’agenda ? Avec ou sans licence de marque. Le compas de l’an dernier tournera rond cette année encore. L’équerre, réutilisée elle aussi, arrondira les angles du budget parental écorné par l’inflation des fournitures.

École assignée, parfois contestée

Autre exercice éternel : les familles cherchent à tirer leurs marrons du feu, ou, plus exactement, à contourner la carte scolaire, exercice national pérenne pour lequel la France doit occuper une des premières places mondiales. Alors les dérogations circulent, les géographies urbaines imposent leurs logiques, les ambitions parentales leurs stratégies. Ce maillage invisible entre établissements, socialement interprété, génère ses frustrations feutrées et ses silences éloquents. Pourtant, le discours officiel continue d’affirmer un idéal d’équité territoriale et de mixité républicaine. Surtout proféré par des ministres ayant placé leurs gosses dans le privé.

Fonction publique et vocations multiples

De leur côté, les enseignants sont là (pour ceux qui ont pu être recrutés ou sélectionnés au concours…). Ils ont préparé leurs progressions, cherché à comprendre la énième réforme, intégré le gel de l’indice, organisé leurs classes, affiché des posters de conjugaison. Ils connaissent les acronymes (SNES, SNEP, SNUEP…), les protocoles, parfois les prénoms. Leur présence reste, pour l’institution comme pour les élèves, le pilier fragile d’une continuité nationale. Entre reconversions, titularisations, affectations surprises et ressources improvisées, les équipes tiennent bon. L’École fonctionne. C’est l’essentiel.

Réformes annoncées, tensions muettes

Les programmes sont révisés, les horaires réajustés, les outils numérisés, les ENT optent pour la déconnexion le WE. Les consignes venues du Ministère oscillent entre innovation proclamée et retour à l’essentiel. Le climat scolaire est jugé « globalement apaisé », malgré « quelques inquiétudes localisées ». Les syndicats observent et se déclarent vigilants, les rectorats passeurs de patates chaudes rassurent, les familles s’adaptent.

Pendant ce temps, les élèves — principaux concernés — prennent place dans les rangs, avec des regards qui disent autre chose.

Tout est en place. Les bancs, les chaises, les tables, la cantoche (pardon, le restaurant scolaire bio) les règles, les rythmes, les habitudes.

L’année promet d’être belle.

***

Note d’utilisation de cet article : cet article est éternel. Il concerne la rentrée des classes de cette année, des années suivantes, des années précédentes. Il est l’illustration de la vacuité informationnelle des marronniers, recyclant sans fin des thèmes stériles pour combler le vide d’une actualité prévisible, tout en flattant notre goût pour la répétition. Dossier sur Pr4vd4 : Les marronniers permanents.

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