Clim’ ou ventilo : luxe glacé ou rafraîchissement sonore ? Derrière le choix, une lutte des classes en short. L’été, c’est Mad Max version écolo chic.
Elle ronronne doucement, répand un souffle polaire et vous transforme en glaçon avec un petit goût de culpabilité : la climatisation, c’est l’arme blanche des élites urbaines. Une promesse de fraîcheur à toute heure, même en pleine pénurie d’eau potable. On y accède comme à un club privé — open space climatisé, SUV hybride à 21°C intérieur, chambre d’hôtel 4 étoiles façon grotte nordique.
Mais ce confort glacial a un prix : 500 kilowattheures pour que vos pieds n’aient pas l’impression de cuire. Et la petite promo de l’été ? Une clim’ achetée, une sinusite offerte. Variante COVID-friendly : clim’ + coworkers = partage de germes équitable. La climatisation, c’est un peu comme une Rolls-Royce du froid : impressionnante, coûteuse, et inutile si vous êtes mort.
Les plus téméraires (ou les plus désespérés) osent même la clim à domicile, quitte à trouer un mur porteur et insulter les voisins. Le soir, ils dorment dans un cocon à 18°C en juillet, persuadés que Greta Thunberg ne les voit pas. Spoiler : Greta omnia videt.
Le ventilo, c’est ma méditation en sueur
En face, il y a les autres. Ceux qui ont connu la débrouille, les gouttes dans le dos, les draps collants. Ceux qui vivent dans une chambre à 38°C, avec pour seul allié un ventilateur de 1997 dont le bruit évoque une turbine d’Airbus mal entretenue. Ceux pour qui la clim’, c’est le rêve bourgeois d’un autre monde, celui où l’électricité ne coûte pas un SMIC par mois.
Le ventilo, c’est la philosophie du mouvement lent : il ne refroidit rien, il remue l’air chaud avec une élégance toute méditative. Une sorte de Qi Gong mécanique, une danse sacrée entre les pales et l’illusion du frais. C’est aussi le bruit : régulier, lancinant, thérapeutique. Un ASMR de l’effort minimal. Le souffle du peuple.
Dans Mad Max, il n’y avait pas de clim. Juste des ventilateurs, en métal rouillé, accrochés à des carcasses de Ford. Le ventilo, c’est la résistance. L’anti-clim. Le manifeste du survivant.
La lutte des classes design
Puis vient le twist technoïde : le ventilateur haut de gamme. Celui sans pales. Celui qui coûte 500 euros. Celui que vous croisez dans les pubs où tout le monde est blanc, riche et en lin bio de Doudeville. D***n (pas de placement produit gratos) a fait du vent un objet de luxe. Tu veux du souffle ? Paye le prix.
Ce n’est plus un ventilo, c’est une sculpture d’art contemporain. Il ne ventile pas, il exprime l’air. Il ne brasse pas, il élève l’atmosphère. Le bruit ? A remplacé par un léger pshhhht de spa zen. Le commun des mortels sue. Le possesseur de Dyson respire dans un nuage de lavande moléculaire.
Mais à ce prix-là, ne vaudrait-il pas mieux acheter un billet pour la Norvège et passer l’été dans un fjord ? Ah non, l’avion pollue ! Oups.
Open space glacé vs sieste sous un arbre
Dans les grandes entreprises, la clim règne en tyran thermodynamique. Le salarié n’a pas le choix : en open space, tu mets un pull en juillet ou tu fais la grève. Et encore, même les syndicats n’osent pas affronter la cellule froide du 3e étage. C’est une cryogénie volontaire. Certains espèrent qu’on les réveillera quand les réunions inutiles auront disparu.
À l’inverse, les influenceurs écolos (de préférence en Ardèche, dans un hamac) prônent la sagesse millénaire : boire de l’eau tiède, manger léger, fermer les volets et méditer à la chaleur du monde. En d’autres termes : crame en silence. Les plus radicaux dorment au sol, recouverts de draps mouillés, invoquant les anciens dieux de la fraîcheur perdue.
Star Wars, Friends et le paradoxe thermique
La clim’, c’est le côté obscur. L’Empire. Le confort sans conséquences apparentes. Le Dark Vador du quotidien, soufflant son haleine glacée sur des salariés asservis. Le ventilo, lui, c’est Luke sur Tatooine : naïf, souffrant, mais libre. Jusqu’à la coupure de courant.
Et dans cet enfer thermique, chacun cherche son totem. Joey Tribbiani, torse nu dans son canapé, ventilateur collé au visage, résume une vérité simple : il fait trop chaud, et il s’en fout. L’élégance n’est plus de mise. La clim’ est une guerre de tranchées silencieuses ; le ventilo, une révolution de salon.
Suer n’est plus une fatalité, c’est un choix politique
Vous pensiez que le frais était une affaire de météo ? Erreur. C’est une affaire de morale, de classe, de design. Êtes-vous climatisé ou ventilé ? Êtes-vous pingouin de bureau ou lama de la ZAD ? Acceptez-vous de ruiner la planète pour ne pas sentir sous les bras ? Ou préférez-vous vous liquéfier avec panache (et sans bière) ?
Clim’ ou ventilo ? C’est l’éternel dilemme : confort ou conscience, sinusite ou insomnie, D***n (pas de placement produit gratos, bis) ou daron. En 2025, même rafraîchir ses aisselles devient un choix existentiel. Le frais n’a jamais été aussi chaud.
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(c) Ill. têtière : Photo de Pixabay

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