Entre 2017 et 2025, la République française s’est muée en fiction noire. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) vient de livrer son diagnostic : l’État resserre l’étau, restreint les libertés, durcit ses outils coercitifs. Ce n’est plus seulement un malaise démocratique, c’est un glissement de terrain.
La démocratie sous perfusion
Il y a quelques années, on célébrait encore la « start-up nation » et ses promesses de fluidité. Aujourd’hui, la fluidité se traduit par des dissolutions d’associations, des interdictions de manifester, des arrestations préventives. Le rêve d’efficacité s’est métamorphosé en cauchemar kafkaïen, où l’individu est réduit à une donnée qu’on neutralise avant même qu’il n’agisse, à la Minority Report. La FIDH ne décrit pas un accident, mais une stratégie d’ingénierie politique.
Quand la fiction dépasse le réel
France 2035 : un pays où les ONG n’existent plus, où la rue appartient aux drones policiers, où les procédures judiciaires sont transformées en jeux d’algorithmes. Tout militant est assimilé à un terroriste potentiel, toute réunion devient un attroupement suspect. Ce décor n’est pas un délire d’écrivain cyberpunk mais l’horizon logique d’une démocratie qui s’érode sous les coups de boutoir sécuritaires. Les dystopies, hier littérature de gare, deviennent mode d’emploi gouvernemental.
Fantômes de Foucault et de Debord
Les dispositifs de surveillance ne se contentent plus d’encadrer : ils produisent une nouvelle forme de subjectivité. Le citoyen se vit désormais comme suspect permanent. Ce biopouvoir-là, Foucault l’avait entrevu, mais il n’avait pas imaginé le packaging en version high-tech. Quant à Debord, il aurait reconnu dans cette dramaturgie sécuritaire une nouvelle mise en spectacle : une démocratie réduite à une chorégraphie d’images, où l’ennemi intérieur se substitue à l’adversaire politique (nous saluons Donald au passage).
La douce banalité de l’autoritarisme
Le plus inquiétant n’est pas la brutalité des coups de matraque, mais leur banalisation. Le citoyen s’habitue. On ne proteste plus, on « like » un hashtag d’indignation avant de retourner à ses affaires. L’État, lui, perfectionne ses dispositifs, se modernise, s’hybride. L’autocratie française n’a pas de visage martial : elle a le sourire policé d’une administration qui signe ses circulaires et « fait son boulot ». Et la « banalité du mal » frappe encore…
A paraître sous 8 jours – 2035 : les associations criminalisées
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(c) Ill. têtière : Burst, Pexels.

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