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Enseignant dans le supérieur privé, héros méconnu

Enseigner dans le supérieur privé ? Jonglage contractuel, mépris feutré et méritocratie low cost. Moi, j’ai choisi le funambule plutôt que la sécurité

Enseigner dans le supérieur privé ? Jonglage contractuel, mépris feutré et méritocratie low cost. Moi, j’ai choisi le funambule plutôt que la sécurité

Je suis enseignant dans le supérieur privé, ce royaume où l’on forme les cadres de demain avec un salaire d’hier et des illusions d’avant-hier. Entre contrats léonins, étudiants qui savent déjà tout et directeurs fans de photocopieurs, voici une plongée satirique dans ce métier de crève-la-faim qui, pourtant, me fait encore vibrer. Accrochez-vous, ça va secouer comme un emploi du temps modifié en dernière minute.

Je suis prof dans le supérieur privé, ce monde étrange où l’on oscille entre la noblesse de transmettre et la réalité d’un compte en banque qui fait la gueule. “Ah, tu es prof ?” me lance-t-on avec ce sourire en coin, celui qu’on réserve aux rêveurs un peu losers, un peu comme si j’avais annoncé que je collectionne les VHS de Highlander. Certains étudiants, eux, perfectionnent ce rictus dès la rentrée. Je suis pour eux ce type qui a raté sa vie et qui vient leur expliquer comment rater la leur, mais en mieux formaté sur Canva. Évidemment, ils savent déjà tout, biberonnés à des tutos YouTube et à des posts LinkedIn inspirants. Moi ? Je suis juste là pour leur apprendre à faire des slides avec moins de Comic Sans. Pas à penser.

Un salaire qui fait rire (jaune)

Côté rémunération, on est sur une machine à remonter le temps. Les tarifs horaires n’ont pas bougé depuis que Twilight était un phénomène culturel. Un prof de langue ? Payé 50 % de moins qu’un prof de “management agile” ou de “stratégie digitale”, parce que parler anglais, c’est visiblement moins pro qu’un cours sur “comment pitcher comme Steve Jobs”. Les jurys de mémoire ? Les suivis de projets ? Tarifés à peine au-dessus du SMIC horaire, et encore, si le vent souffle dans le bon sens. Quant aux corrections de copies, réunions pédagogiques ou rédactions de syllabi, elles sont gentiment glissées dans le contrat comme “obligatoires mais incluses dans le volume”. Astuce de pro : on appelle ça “l’implication”. Traduction : vous travaillez gratos parce que vous avez le sens du devoir, contrairement à l’administration qui a le sens du profit.

Jongleur à temps partiel

Enseigner 20 heures par semaine ? Un doux rêve qui nécessite un Tetris logistique digne d’un spin-off de Mission : Impossible. Les écoles, malignes, saupoudrent les heures comme des miettes pour éviter de s’attacher à un prof “trop stable”. Résultat : je cavale entre quatre établissements, priant pour que le RER ne me fasse pas rater le mercato de mai, ce moment où les contrats se jouent comme une draft NBA, mais avec moins de glamour et plus de mails. Oubliez la carte de prof ou les indemnités de transport. Quant à la remise des diplômes, on m’a déjà demandé : “Mais pourquoi inviter les profs ? On invite le personnel d’entretien, peut-être ?” Charmant.

Une jungle sans CSE ni syndicalistes

Le supérieur privé, c’est l’entreprise 2.0 : harcèlement en option, pression garantie, et contrats aussi équilibrés qu’un combat entre Godzilla et Bambi. Un changement d’emploi du temps après signature ? Normal. Payé trois mois en retard ? Circulez, pas d’indemnités. J’ai vu une collègue se faire virer après 25 ans de CDI parce que la responsable pédagogique voulait caser une copine. Fair play, comme disent les Anglais (ceux pas assez payés pour enseigner). Les syndicats ? Ils nous regardent comme si on venait de Bétharram, et le CSE, c’est un concept aussi exotique que le respect du code du travail. Et puis, il y a les directeurs. L’un d’eux m’a lancé, entre deux dépannages d’imprimante (sa passion) : “Avec vous, tout est compliqué. Moi, je n’ai pas besoin de travailler.” Traduction : il préfère organiser des “journées start-up” avec ses potes qui “parlent simple”. Spoiler : leurs start-ups vendent des applis inutiles, des formations à 5000 euros et recrutent passivement des stagiaires gratuit (pléonasme pour elles).

Le grand saut dans le vide

Parfois, le rêve s’effrite. Une rupture conventionnelle, un licenciement, ou un simple “on n’a plus besoin de vous” (d’autant plus facile que les contrats de travail se réduisent, les écoles préférant embaucher, en toute illégalité, des travailleurs « indépendants ») peut vous faire basculer. J’ai vu des collègues sombrer dans l’alcool, les anxiolytiques, ou développer une phobie de la salle de classe. Et si vous tombez malade ? Pas de salaire, pas d’indemnisation, juste un mail poli (ou un malpoli) vous demandant de “trouver une solution”. C’est ça, le supérieur privé : un grand saut sans filet, où l’atterrissage ressemble souvent à une scène coupée de The Walking Dead.

Alors, pourquoi je continue ?

Malgré tout, j’aime l’enseignement. Intellectuellement, c’est une fête. Les étudiants, quand ils ne me regardent pas comme un dinosaure, m’apportent des idées neuves, des débats inattendus, et parfois même un regard admiratif qui flatte mon ego (oui, je suis humain, comme Tony Stark sans l’armure). Mais soyons honnêtes, c’est un peu comme payer pour aller à un concert où on est à la fois le roadie, le chanteur et le public. Et puis, il faut l’avouer, certains collègues sont… disons, pas à leur place. Merci aux recrutements au rabais qui mettent parfois n’importe qui devant une classe, tant qu’il y a un corps pour boucher le trou dans l’emploi du temps.

Enseignant dans le supérieur privé, c’est un mélange de Fight Club et de The Office, avec un soupçon de Matrix où l’on se demande si la pilule rouge n’était pas un anxiolytique. C’est un métier où l’on jongle avec la précarité, les egos et les prez mal calibrées, tout en se disant qu’on change peut-être, un peu, le monde. Ou au moins, la mise en page des slides des étudiants.

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