De Louis XVI à Louis de la Start-up Nation, la France a troqué la guillotine pour les bulletins, et le trône pour un fauteuil design. Mais sous le vernis démocratique, le vieux rêve monarchique résiste. Posons la couronne sur la table, et agitons la plume dans la plaie…
1789, la Révolution fait son job, le roi perd la tête, le peuple gagne la rue, la République naît dans le fracas. Deux siècles plus tard, le peuple trime toujours, le roi parle anglais, porte une montre suisse, et gouverne par décret. Rien n’a changé, sinon le marketing.
À la place du sceptre : une carte business premium. À la place des lettres de cachet : des éléments de langage. À la place du trône : une scène de meeting avec projecteur LED et musique d’attente type ascenseur européen.
La monarchie sous blister électoral
Tous les cinq ans, on déballe un nouveau “président du renouveau” comme on ouvrirait un grille-pain en plastique recyclé. On y croit, on branche, ça saute.
On nous promet la fin des privilèges, et on hérite d’un conseiller spécial à la gestion de l’image du chef de l’État en déplacement chez Lidl. Le roi d’hier avait un sceptre, celui d’aujourd’hui a un compte Instagram et une politique de story sponsorisée.
Mais attention, ce roi-là n’a rien imposé. Il a été élu. Par le peuple. Comme une offre téléphonie mobile qu’on regrette dès la première facture.
Démocratie à usage unique
Chaque élection, c’est un moment sacré. On ressort les mêmes promesses, les mêmes visages neufs depuis 30 ans, les mêmes “ruptures” qu’on colle sur des visages en sueur. On nous jure que cette fois-ci, ce sera différent. Et ça l’est. Pendant deux semaines.
Ensuite, tout rentre dans l’ordre. La cour reprend ses quartiers. Les éditorialistes se remettent à ronronner. Le peuple retourne à ses fins de mois. Et le roi du moment reprend sa tournée des tapis rouges, micros en main et costard parfaitement taillé.
Le pouvoir comme théâtre, le peuple comme figurant
Le vrai miracle français, c’est d’avoir fait croire au peuple qu’il choisit encore. On lui demande de voter, mais pas trop. De râler, mais sans déborder. De rêver, mais sans exiger. Le citoyen est devenu figurant du grand théâtre politique. Un figurant qui paie son billet, et applaudit à la fin.
Quant à nous, journalistes, on fait le bruit de fond. Des critiques modérées, des punchlines dosées, des indignations calibrées pour ne pas effrayer les actionnaires de nos propres journaux. L’humour est devenu une stratégie de survie.
Versailles 2.0, ou comment régner sans perruque
Les nouveaux monarques n’ont plus besoin de palais, ils ont BFM. Pas besoin de marquis, ils ont des influenceurs. Pas besoin de censure, ils ont l’auto-discipline des rédactions qui savent jusqu’où ne pas aller.
On ne coupe plus les têtes, on les rebrande. Le ministre incompétent devient conseiller en résidence. Le communicant raté devient député. Le journaliste trop critique devient pigiste au RSA.
Coluche, prophète ou usurpateur ?
Lui, il avait pigé. La politique, disait-il, c’est une pièce de théâtre : les pauvres paient leur place, les riches écrivent le script, et tout le monde ressort avec l’impression d’avoir vu quelque chose.
Quand Coluche s’est présenté, ce n’était pas une blague. C’était un audit de système. Et l’audit était sans appel : le roi est nu, mais personne ne veut le dire de peur de perdre son accréditation.
La Révolution est morte, vive la Réélection
On a troqué les piques pour des sondages. La prise de la Bastille est devenue une séquence média. Et la guillotine, une métaphore qu’on évite en conférence de rédaction.
Mais rassurez-vous, il reste une justice poétique. Un jour, peut-être, le roi du moment tombera non pas sous les balles, mais sous les blagues. Et nous, à Pr4vd4.net, on affûte déjà les nôtres.

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