L’indépendance de la presse en France ? Une légende folklorique que seuls les stagiaires trop naïfs pour fuir encore osent évoquer. Autopsie ce cadavre encore chaud à coups de sarcasme, de mauvaise foi assumée, et d’ampoules qui clignotent.
Asseyez-vous confortablement, le café (du commerce ?) sera amer. Car derrière chaque Une exaltée sur “la vigueur démocratique de nos institutions” se cache souvent une réunion de conseil d’administration… et pas celle d’un comité de quartier. Le mythe de l’indépendance journalistique flotte encore, telle une feuille de salade oubliée dans la mâchoire d’un chroniqueur télé : visible, embarrassante, et surtout inavouée.
Dans les coulisses de l’info, les rédactions ressemblent plus à des holdings qu’à des bastions de liberté. Le pluralisme ? Une déclinaison de tons feutrés pour répéter la même rengaine : “Tout va bien, cher public, et nos annonceurs vous embrassent.”
Les milliardaires aiment la presse. Surtout quand elle leur appartient.
C’est connu : en France, on aime la presse… comme on aime un chien de chasse. Fidèle, bien dressée, et surtout utile en période électorale. Derrière chaque grand titre se profile une fortune, un empire, une holding spécialisée dans les yachts, les fusées ou les assurances vie.
Chez Le Figaro, on navigue au large, entre éditos pro-croissance et tribunes pro-patron. À Libération, on joue l’héritage punk avec des fonds de pension. Et du côté des chaînes d’info en continu, on assiste à un ballet permanent où les indignations expresses succèdent aux chroniques soporifiques, dans une chorégraphie sponsorisée.
L’indépendance ici ne se gagne pas, elle se négocie. Et encore, en période de soldes.
Chez Pr4vd4, l’indépendance c’est surtout l’absence de finance
Nous, on est peinards. On n’a pas de milliardaire. On n’a même pas de tireuse à café. Camarade Président, notre directeur rédac’, c’est un libertaire qui vote blanc et boit rouge, et notre service compta est si indépendant qu’il refuse même de parler chiffres.
Ici, l’indépendance se vit au jour le jour. Elle consiste à écrire librement, tant que ça ne gêne pas les deux abonnés restants ou le patron du kebab d’en face (qui héberge notre serveur internet sous sa friteuse, merci K-93).
Mais au moins, on peut se moquer de tout. De vous, de nous, de ceux qui nous financeraient si on les laissait faire. Et ça, c’est un luxe que ni BFM, ni CNews, ni même France Télévisions ne peuvent encore totalement s’offrir.
La diversité des opinions ? Un buffet à volonté où tout a le goût du compromis
Le pluralisme des médias ressemble à ces menus de chaînes de restaurants : beaucoup de pages, peu de choix réels, et tout finit par avoir le goût d’un truc réchauffé à la va-vite. On trouve des “éditorialistes de gauche raisonnable”, des “journalistes de droite modérée”, des “chroniqueurs anarcho-centristes”. Bref, des voix différentes qui s’accordent sur l’essentiel : ne surtout pas froisser le proprio.
Et pendant que les téléspectateurs se débattent entre l’édito de la ménopause heureuse et le reportage choc sur les chiens qui aboient trop fort, la pensée critique s’égoutte lentement, comme une canalisation mal entretenue.
Rire pour ne pas pleurer dans son mug corporate
Heureusement, il nous reste l’humour. Pas celui, sponsorisé, qui vous explique que l’inflation est “une belle opportunité pour repenser ses habitudes d’achat”. Non. Un vrai rire, grinçant, mal élevé, qui sent la moquette poussiéreuse des rédacs sans clim.
On rit parce que pleurer coûte trop cher. On se moque parce que résister frontalement nous ferait perdre nos deux lignes ADSL. Et surtout, parce qu’il faut bien que quelqu’un rappelle que l’indépendance, ce n’est pas seulement un mot sur une charte éthique imprimée entre deux coupures de pub, c’est un combat quotidien contre l’absurde.
Le Loch Ness de la République : l’indépendance, tout le monde en parle, personne ne l’a vue
La presse indépendante française ? C’est le Bigfoot du paysage médiatique. Elle laisse des traces, parfois même une interview courageuse ou un dossier dérangeant, mais elle reste introuvable.
Et pourtant, à Pr4vd4, on y croit encore. Ou du moins, on fait semblant. Parce que continuer à écrire quand on n’a pas les moyens, continuer à rire quand tout est verrouillé, continuer à publier même si personne ne lit — c’est ça, la vraie indépendance.
Même si demain un milliardaire nous rachète pour se donner bonne conscience, on vous le promet : on l’accueillera avec un article salé, une facture gonflée, et un pot de départ avant même l’arrivée.

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