Pølitique

La France déclare la guerre à la Russie

La France déclare la guerre à la Russie : quand la République tremble, les héros sortent de leurs cases... pour mieux s’emmêler les pinceaux. Bande dessinée

La France déclare la guerre à la Russie : quand la République tremble, les héros sortent de leurs cases… pour mieux s’emmêler les pinceaux

Face à la menace croissante venue de l’Est, et à la mode internationale du « qui a la plus grosse (armée) », la France, dans un élan de panache gaulois, a décidé de préparer une riposte stratégique contre la Russie. Problème : après vérification, il ne reste dans les stocks militaires qu’une Jeep de 1963, trois Famas déchargés et un Vélib’ électrique.

Heureusement, le ministère de la Défense a eu une idée de génie : convoquer les plus grands héros de la bande dessinée française pour défendre la Patrie. Finis les plans d’attaque coordonnés, bonjour les pirouettes de cour de récré.

À l’inverse, les États-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à soutenir l’OTAN avec leurs légendaires super-héros : Superman, Spiderman et Batman, autrement dit des demi-dieux en lycra capables de raser une ville ou de sauver la veuve et l’orphelin sans perdre une mèche de cheveux.

C’est donc un choc des titans qui s’annonce. Ou du moins, un choc des mentalités.

Anatole Latuile vs Superman. David contre Goliath

…Ou plutôt Dédé contre Superdupont sous stéroïdes.

Anatole Latuile, c’est le roi de la gaffe bien intentionnée. Son QI est proportionnel à son enthousiasme, c’est-à-dire variable selon les jours. S’il devait commander une armée, il confondrait « attaque aérienne » avec « bataille de ballons à eau depuis le toit du collège ».

Superman, de son côté, c’est l’homme en slip rouge capable de voler à Mach 7, de voir à travers les murs et de réchauffer sa soupe avec sa vision laser. Le gars est une arme de destruction massive qui se prend pour un scout.

Mais attention ! Anatole a une arme secrète : le chaos spontané. Donnez-lui une mission claire, il la transformera en feu d’artifice d’erreurs imprévisibles. Là où Superman planifie, Anatole improvise. Et dans un conflit asymétrique, le bordel reste notre meilleure arme. Rappelez-vous que même Napoléon s’est cassé les dents sur la Russie ; Anatole, lui, pourrait faire tomber Moscou sans même le vouloir, en appuyant sur le mauvais bouton du micro-onde de la base militaire.

Titeuf vs Spiderman : le poil blond contre la toile gluante

Titeuf, 10 ans, 50 centimètres de mèche frontale et un sens de la diplomatie aussi affûté qu’un chewing-gum mâché. Il connaît tout de la vie : les filles, les virus, les bêtises. On dit même qu’il a lu Le Capital par erreur en pensant que c’était un manga.

En face, Peter Parker, alias Spiderman, photographe freelance le jour, acrobate mutant la nuit. Capable de grimper aux murs, de lancer des toiles et de sauver New York entre deux textos.

Le combat paraît inégal, mais attention : Titeuf a l’arme absolue, celle que redoutent tous les dictateurs : le débat sur l’éducation sexuelle à l’école. Il suffit qu’il commence à expliquer les mystères du slip à un général russe pour désorganiser toute la chaîne de commandement. En moins de deux, les troupes adverses sont en pleine introspection, et Titeuf en profite pour saboter les blindés à coup de chewing-gums.

Gaston Lagaffe vs Batman : l’anarchie douce contre l’ordre musclé

Voici peut-être le duel le plus absurde, donc le plus intéressant. Batman, milliardaire traumatisé par son enfance, s’est juré de rétablir l’ordre à coups de gadgets coûteux et de regards noirs. Il rôde la nuit, dans une Batmobile équipée d’IA, de missiles et de 6G. Il ne sourit jamais. Même chez le dentiste.

Gaston Lagaffe, lui, c’est le roi de la procrastination. Sa vie est une sieste. Son arme de destruction massive ? Le Gaffophone, capable de neutraliser un régiment entier par la seule puissance de sa cacophonie. Il peut désamorcer un conflit en organisant une pause café de 6 heures avec roulés maison et réflexions existentielles sur les chats.

Imaginez donc Batman essayant de pénétrer un entrepôt occupé par Gaston. Il glisse sur une semelle de chaussure accrochée à un yo-yo, se prend un mur invisible de fumée de pipe et tombe dans un piège à souris géant conçu par accident. Résultat : mission annulée, Bruce Wayne en arrêt maladie, et Gaston qui s’excuse platement tout en offrant un pot de confiture de figue.

Comparatif tactique : la trouille change de camp

CritèreFrance (Anatole, Titeuf, Gaston)USA (Superman, Spiderman, Batman)
Force brute1/10 (Gaston quand il éternue)10/10 (Superman soulève des tanks)
Ruse8/10 (malgré eux)7/10 (planification stratégique)
Bordel organisé11/103/10
Capacité à désorienter l’ennemi12/104/10
Capacité à se désorienter eux-mêmes15/101/10
Popularité auprès des enfants10/109/10
Aptitude à remplir un rapport de mission0/109/10

Et Poutine dans tout ça ?

Interrogé sur cette « menace française », Vladimir Poutine aurait simplement déclaré :

« Si la France envoie ses clowns, je répondrai avec mes jongleurs. »

Mais attention, sous-estimer les héros français, c’est comme ignorer un Lego dans le noir : on finit toujours par le sentir passer. Ce n’est pas tant leur efficacité militaire qui inquiète que leur pouvoir de nuisance poétique. Un missile, ça se désamorce. Une réunion avec Gaston Lagaffe, ça peut durer des mois.

La guerre selon Goscinny

Alors que les États-Unis avancent leurs champions capés, la France, fidèle à sa tradition d’absurde stratégique, préfère envoyer son trio magique : le bordélique, le pré-pubère et le somnolent.

Et si la vraie stratégie, c’était ça : ne pas faire peur en étant menaçant, mais en étant imprévisible, impraticable, et franchement incompréhensible ? À la guerre des nerfs, qui résisterait à une réunion tactique menée par Gaston Lagaffe, avec Anatole comme modérateur et Titeuf en traducteur militaire ?

En somme, la France n’a peut-être pas les super-héros les plus efficaces. Mais elle a les plus attachants. Et dans une époque où tout le monde veut faire la guerre avec des drones, peut-être qu’un bon vieux fou rire vaut mieux qu’un missile nucléaire.

Et pendant ce temps-là, dans les bureaux de l’ONU, Lucky Luke essaie de négocier la paix. Mais il tire plus vite que son ombre, alors il a signé avant d’écouter.

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