Comment devenir (ou rester) raciste grâce à X

X, c’est le miroir déformant de nos pires instincts. Avec ses algorithmes qui dopent la haine et ses trolls décomplexés, la plateforme transforme un préjugé furtif en croisade raciste. Voici le mode d’emploi pour plonger dans le cloaque numérique et en sortir plus aigri que jamais.

Bienvenue dans l’arène sans foi ni loi de X, où l’oiseau bleu a cédé la place à un mégaphone pour idées rances. Depuis son rachat par Elon Musk en 2022, la plateforme est devenue le terrain de jeu favori des apprentis racistes. Vous voulez polir vos préjugés jusqu’à en faire des certitudes haineuses ? Voici le guide, garanti sans garde-fou.

Étape 1 : Plongez dans la bulle algorithmique

X excelle à vous enfermer dans une bulle sur mesure. Les algorithmes, boostés pour maximiser l’engagement, vous bombardent de contenus qui caressent vos biais dans le sens du poil. Un compte au pseudo patriotique et à l’avatar tricolore affirme que l’immigration ruine la France ? Likez, partagez, et votre fil deviendra un meeting permanent de la fachosphère. Mediapart souligne que les algorithmes de X dopent les discours xénophobes, donnant une visibilité démesurée aux vidéos de faits divers mal contextualisés, présentés comme des preuves d’un « chaos migratoire ».

Étape 2 : Suivez les bonnes étoiles (bleues, payées 8 euros)

Fini le temps où la coche bleue garantissait une certaine légitimité. Pour 8 euros par mois, n’importe quel troll peut s’offrir une crédibilité factice et balancer des perles comme « la diversité, c’est la décadence ». Suivez des figures comme Jean Messiha ou Bruno Attal, experts en retweets de contenus douteux, et laissez leurs centaines de milliers d’abonnés vous convaincre que le « grand remplacement » est un documentaire. Leurs posts, souvent des captures d’écran de faits divers biaisés, transforment chaque incident en preuve d’un complot contre la « France d’antan ».

Étape 3 : Participez à la foire aux commentaires

Les commentaires sous un tweet dénonçant une agression sont une masterclass de haine. « Un de moins », « Renvoyez-les tous », ou le classique « Islamo-gauchistes complices » : plongez dans le thread et surenchérissez. David Chavalarias, chercheur au CNRS, note que sur X, « les commentaires toxiques étouffent tout débat rationnel ». Ajoutez votre grain de sel, et bientôt, vous verrez des « hordes de barbares » dans chaque fait divers. L’anonymat vous couvre, alors pourquoi se priver ?

Étape 4 : Ignorez les départs et justifiez la fange

Quand Mediapart, Ouest-France, ou des associations comme Greenpeace et la Ligue des droits de l’homme quittent X en dénonçant une plateforme « gangrenée par la désinformation », haussez les épaules. Yannick Jadot et 87 organisations ont beau fuir vers Bluesky, vous, restez. Après tout, X est le dernier bastion de la « liberté d’expression », non ? Les trolls qui pourrissent les discussions, comme le note Politis, ne sont que des « patriotes incompris ». Justifiez leur présence : sans eux, comment sauriez-vous que « les banlieues sont des zones de non-droit » ? Chaque départ d’un modéré renforce votre bulle, alors savourez ce triomphe par forfait.

Étape 5 : Transformez votre paranoïa en croisade (mot choisi)

X ne se contente pas de conforter vos idées, il les radicalise. Une vidéo d’un « migrant criminel » circule, relayée par un compte complotiste ? C’est forcément vrai, et l’État est complice. Mediapart observe que la fachosphère sur X fantasme un « âge d’or » perdu et nourrit une paranoïa anti-institutions. Chaque fait divers devient une pièce du puzzle du « déclin ». Partagez, commentez, et bientôt, vous rêverez de « justice expéditive » ou de « remigration ». Un rapport du CCDH le confirme : 99 % des comptes signalés pour racisme restent intouchés. Vous êtes en terrain conquis.

Étape 6 : Riez des « wokistes »

Rien ne fédère mieux que de moquer les « autres ». Sur X, les « wokistes » sont des cibles idéales. Un tweet ridiculisant une campagne pour l’inclusion ? Riez, partagez, et ajoutez un commentaire sur les « gauchistes aveugles face à la réalité ». Politis note que X a perdu tout pluralisme, mais pourquoi en vouloir quand les mèmes racistes et les hashtags comme #HelloQuitteX suffisent à pimenter votre journée ? La moquerie est votre arme, et les « sensibles » votre punching-ball.

Un dernier scroll pour la route

X n’est pas qu’un réseau social, c’est un incubateur de rancœurs. En six étapes – bulle algorithmique, coches bleues, commentaires venimeux, départs ignorés, croisade paranoïaque et moqueries des « wokistes » – vous deviendrez un champion du racisme numérique, prêt à tweeter votre haine au monde. Alors, ouvrez l’appli, scrollez, et laissez X sculpter votre vision d’une France assiégée. La réalité ? C’est surfait.