Le tout-numérique avance à marche forcée, et les données personnelles des Français continuent de fuir plus vite qu’un ministre face à un micro-trottoir. Après les dossiers médicaux, les impôts, et les données bancaires, voilà que les informations les plus intimes des citoyens circulent allègrement sur le dark web. Et pendant que le gouvernement pousse l’euro numérique et les cartes d’identité dématérialisées, la cybersécurité, elle, semble être restée bloquée à l’époque du Minitel.
Imaginez un serrurier qui vous explique qu’il faut absolument passer à la serrure connectée pour « plus de sécurité », mais qui laisse un double des clés sous le paillasson. Voilà en résumé la stratégie numérique à la française. D’un côté, on vous encourage à tout confier à l’électronique. De l’autre, on stocke vos informations comme si un mot de passe type « 123456 » était l’ultime rempart contre les pirates.
La dernière fuite en date est aussi massive que gênante : des millions de Français voient leurs noms, adresses, numéros de sécurité sociale et même des données médicales sensibles en libre-service dans les recoins les plus sombres du web. Les pirates informatiques, eux, se frottent les mains : plus besoin de chercher, l’information vient directement à eux. Et pendant que les Français découvrent avec stupeur que leur historique médical fait désormais partie du domaine public, les autorités jouent les pompiers pyromanes en expliquant que « tout est sous contrôle ». Avec un peu de chance, les hackers tomberont sur les dossiers de l’administration fiscale et feront découvrir aux ministres la joie des contrôles inopinés.
Dans ce paysage numérique, on frise parfois le ridicule. Prenons l’exemple des hôpitaux : alors que les données des patients sont numérisées à tour de bras, certains établissements utilisent encore des versions antédiluviennes de logiciels, vulnérables au premier pirate venu. Autrement dit, on veut des dossiers patients accessibles en un clic, mais on oublie de mettre un cadenas sur la porte.
Mais le gouvernement persiste et signe. L’euro numérique, vanté comme un futur miracle de la modernité, arrive à grands pas. L’idée ? Remplacer votre bon vieux billet de banque par une version dématérialisée, traçable et contrôlable à souhait. Plus besoin de porte-monnaie, tout est dans le cloud. Pratique, sauf quand les serveurs tombent en panne ou qu’un petit génie décide de faire du shopping avec vos économies. Il paraît que même les pickpockets sont en train de se recycler en hackers pour rester dans l’air du temps.
Le problème, c’est que l’État veut aller toujours plus loin dans la dématérialisation. Après l’euro numérique, on parle déjà de la carte vitale dématérialisée et d’un permis de conduire sur smartphone. Bientôt, on pourra sans doute naître et mourir en format PDF. Mais quand il s’agit de protéger ces montagnes de données, c’est l’économie qui prime : pourquoi investir dans la cybersécurité quand on peut mettre un autocollant « protégé par un mot de passe » ?
Et que dire des collectivités locales ? Certains départements sous-traitent la gestion des données à des sociétés privées, souvent au plus offrant. Forcément, quand on choisit la solution la moins chère, il ne faut pas s’étonner si les données se retrouvent sur un serveur en carton. Un pirate un peu motivé n’a même plus besoin de forcer la serrure : la porte est déjà grande ouverte.
Pour l’heure, les Français, eux, n’ont plus qu’à croiser les doigts (en espérant qu’on ne leur numérise pas aussi l’empreinte) et surveiller leur compte en banque. Après tout, dans un pays où même les autoroutes sont privatisées, il n’y a aucune raison pour que nos données personnelles restent un bien public. Et puis, si l’on suit la logique actuelle, d’ici peu, chaque Français recevra un mail de bienvenue sur le dark web en cadeau d’anniversaire.
NDLR et du Camarade Président : cet article n’est pas un boomer trap.

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