Pølitique

Toutes les femmes politiques sont en fait des hommes

Les femmes politiques sont en fait des hommes : complot, science-fiction, réalité, en mode illuminati, reptiliens, Bill Gates et Soros ?

Les femmes politiques sont en fait des hommes : complot, science-fiction, réalité, en mode illuminati, reptiliens, Bill Gates et Soros ?

On croyait avoir tout vu dans la grande foire aux fake news, mais voilà qu’un nouveau courant d’absurdités se dresse dans le paysage déjà bien encombré de la désinformation : « Les femmes politiques seraient toutes des hommes ! » Cette pépite de la bêtise en barquette est bel et bien la nouvelle marotte de certains adeptes du complot. Plus besoin de regarder des films de science-fiction, ils les inventent à tour de bras !

Le complot de la moustache invisible

Margaret Thatcher, la Dame de fer…
…Etait en fait Robert Dacier, l’Homme de fer

Vous n’aviez pas remarqué que Angela Merkel était en réalité un homme sous stéroïdes comme à la belle époque des sportifs de l’Allemagne de l’Est ? Que Margaret Thatcher, derrière ses tailleurs impeccables, aurait caché une barbe plus fournie que celle de Robert Hue. Selon ces experts autoproclamés du scalpel numérique, toutes les femmes politiques – sans exception ! – ne seraient que des hommes déguisés. On parle ici de transformations chirurgicales, de masques en silicone, et même d’hormones à doses cavalières, pour que la supercherie tienne la route.

Explication profonde du concept de Montcuq

Et pour convaincre les derniers sceptiques, ces théoriciens de la combine n’hésitent pas à fournir des « preuves » : des photos truquées, des vidéos coupées, et bien sûr, des arguments tirés du grand chapeau du délire collectif. Ils analysent les traits du visage à la loupe comme s’il s’agissait d’un épisode des « Experts » version Montcuq (une vidéo ci-contre explique aux non initiés le concept de Moncuq), cherchant des signes d’une pomme d’Adam ou d’un torse viril camouflé. À ce rythme, ils vont bientôt nous expliquer que Jeanne d’Arc, sous son armure, était un catcheur américain.

Des experts qui s’ignorent

Mais qui sont donc ces Sherlocks du dimanche ? Derrière leurs pseudos aux consonances douteuses – « TruthSeeker89 » ou « RedPillMaster » – se cachent de véritables virtuoses du clavier, prêts à redéfinir la science du genre à coup de commentaires haineux et de montages grossiers. Leurs preuves ? Quelques pixels mal ajustés et des légendes dignes d’un mauvais polar.

C’est avec un aplomb certain qu’ils affirment détenir des documents secrets, détenus par une élite obscure, qui nous manipulerait depuis des lustres. Car vous l’aurez deviné, tout cela n’est qu’un vaste complot, une vaste manipulation visant à déstabiliser la « vraie masculinité » et à imposer… quoi au juste ? Mystère. Mais attention, si vous osez douter de leurs théories, vous êtes immédiatement estampillé « mouton du système » ou « complice des Illuminati ». Charmante perspective.

La chasse aux sorcières 2.0

Tout ça ne serait que risible si ces idées ne gagnaient pas du terrain à la vitesse d’un tweet malhonnête. Chaque jour, des milliers d’internautes tombent dans le piège, partageant ces fadaises comme s’il s’agissait du dernier scoop du siècle. Pire encore, les victimes de ces campagnes de désinformation se multiplient. Certaines femmes politiques ont déjà fait l’objet de harcèlements massifs en ligne, d’insultes misogynes – et maintenant transphobes – pour tenter de les décrédibiliser.

Les répercussions ne sont pas que virtuelles. Il suffit de voir les chiffres inquiétants de la désertion politique féminine pour comprendre que ces attaques ne font que renforcer un climat hostile envers les femmes de pouvoir. Leur message ? Si vous êtes femme et que vous réussissez, c’est que vous cachez quelque chose. L’implicite : la place de la femme n’est pas dans les hautes sphères politiques, mais dans les fantasmes d’une société machiste qui n’a toujours pas digéré que certaines d’entre elles puissent briller autant que leurs homologues masculins.

La vérité, toute nue

Soyons clairs : la réalité n’a jamais été aussi simple. Derrière ces théories farfelues se cache une peur bien réelle : celle de voir les rapports de pouvoir évoluer, de voir des femmes non seulement entrer en politique, mais y exceller, et ce sans rien cacher sous leurs tailleurs. Une fois encore, l’idiotie et la haine se déguisent en pseudo-enquêtes pour semer la confusion et discréditer l’engagement des femmes.

Avant de cliquer sur le bouton « partager » la prochaine fois que vous tombez sur l’un de ces déliriums numériques, rappelez-vous une chose : si l’on commençait à croire toutes les bêtises qu’on trouve sur internet, on vivrait dans un monde où la Terre serait plate, où les pyramides seraient des centrales électriques extraterrestres, et où, bien sûr, tous les politiciens seraient des acteurs en mousse ou des reptiliens… attendez, celle-là pourrait bien être vraie.

Allez, circulez, y’a rien à voir !

(c) Ill. Pexels

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