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Oui à l’euthanasie démocratique et généralisée

La France légalise l’aide à mourir. Pr4vd4.net applaudit ce triomphe démocratique de la disparition volontaire et organisée, sans morve ni pathos.

La France légalise l’aide à mourir. Pr4vd4.net applaudit ce triomphe démocratique de la disparition volontaire et organisée, sans morve ni pathos

À l’heure où le Parlement français légalise l’aide active à mourir, Pr4vd4.net salue une avancée civilisationnelle majeure : celle d’un droit ultime, doux et rationnel, à disparaître proprement. Une victoire de la liberté, de l’organisation — et d’un certain goût pour la procédure.

C’est un grand jour pour l’humanité moderne : elle a enfin trouvé le moyen légal de disparaître proprement, dans le calme, l’encadrement et le formulaire Cerfa. La France, nation jadis célèbre pour ses révolutions bruyantes, choisit désormais la sortie feutrée par voie législative. Un petit “oui” du Parlement, et nous voilà entrés dans l’ère de l’euthanasie active, assistée, raisonnable, républicaine. Une mort douce, encadrée, et presque administrative : que demander de plus ?

La proposition de loi votée récemment consacre, selon ses propres termes, le libre choix de la fin de vie. Entendez : le droit, pour une personne jugée “capable”, de demander à un médecin — voire deux, car la mort aussi exige son second avis — un petit cocktail létal, administré dans un cadre médical ou associatif agréé, pour peu que souffrance il y ait. Physique, psychique, ou simplement existentielle, du moment qu’on l’estime insupportable. Autant dire que dans une société où l’angoisse est un mode de vie, l’éventail des candidats est vaste.

Bien sûr, il ne s’agit pas ici de célébrer la souffrance ou la mort. Mais simplement d’accueillir, avec le respect dû à la rationalité juridique, le fait que le pays des Lumières a enfin achevé d’éclairer son couloir de la mort. Un néon proprement républicain, où la volonté du patient — cette figure devenue souveraine depuis qu’on l’a dépouillée de toute illusion thérapeutique — brille comme dernière autorité. Exit la transcendance, bonjour la procédure. Le chagrin sera tamponné.

Ce n’est pas qu’une victoire médicale, c’est une avancée politique. Car si “nous mourons mal en France”, comme le disent les auteurs de la loi, ce n’est pas faute de médicaments, mais faute de protocoles. Le progrès, ici, ne consiste pas à supprimer la mort, mais à la rendre fluide, prévisible, contrôlée. Fini l’improvisation du trépas, place au timing chirurgical : 48 heures pour l’avis du second médecin, 4 jours pour la confirmation, 2 jours de délai minimum. La mort devient projet. Mieux : elle devient un droit opposable. À qui ? À l’État, à la médecine, à la famille — bref, à tout ce qui prétendait nous retenir.

Dans cette euthanasie “active”, on reconnaît l’amour discret que la modernité porte à l’organisation. N’est-elle pas, après tout, une issue élégante à ce que les Grecs appelaient la “vie indigne” ? Une indignité non pas morale, mais fonctionnelle : la dépendance, la décrépitude, le refus de continuer à se faire torcher. On n’agonise plus, on choisit sa sortie. On la planifie, on l’authentifie. Le patient devient producteur de sa propre disparition, prestataire de son anéantissement. L’individu, jusqu’au bout.

« Tu ne mourras plus seul, mais tu mourras selon les règles. »

Et dans cette disparition légale, n’y aurait-il pas un écho au désir plus vaste d’un monde sans bruit ? Une société qui ne supporte plus ni le cri, ni le chaos, ni même la lenteur de la fin ? Le mourant, hier, était encore un scandale vivant, une faille dans l’optimisme productif. Désormais, il peut se dissoudre dans un murmure. Pas de râle, pas de lutte : une anesthésie douce, une mort consentie, validée par signature.

Certains grincheux parleront d’une pente glissante, d’un “risque” pour les personnes vulnérables. C’est oublier que le projet de loi est d’une clarté rassurante : il ne s’agit pas d’imposer la mort, mais d’en encadrer le souhait. Et quel soulagement pour ceux qui n’en peuvent plus d’attendre que la mort daigne se présenter ! On n’a jamais autant cru en la volonté du sujet que lorsqu’il s’agit de sa disparition.

En vérité, il y a là une forme de cohérence ultime : dans une société individualiste, il est logique que le dernier geste, le plus intime, le plus irréversible, devienne aussi une revendication de liberté. Quitte à rendre cette liberté obligatoire. Car après tout, dans une civilisation où l’on choisit son genre, son identité, son appli de méditation… pourquoi pas sa propre fin ?

Nous entrons ainsi dans un nouveau contrat social : tu ne mourras plus seul, mais tu mourras selon les règles. Tu auras droit à ton protocole, ta clause de conscience, ton rapport post-mortem. Le médecin, enfin, ne sera plus cet intrus qui retarde ton départ, mais ton assistant de vol. Avec, pour tout bagage, une dignité administrée.

Alors oui. Oui à l’euthanasie démocratique et généralisée. Oui à la mort sous contrôle, propre et responsable. Oui à ce progrès qui, pour une fois, ne promet pas de tout réparer, mais de nous laisser partir en paix — et surtout, dans les délais.

***

(c) Ill. têtière : Photo de Davide Baraldi

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