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Lunettes de soleil oversize ou aviateur : miroir de l’âme ou CV de l’égo ?

Oversize ou aviateur : derrière les lunettes de soleil se cache une guerre de style, d’ego et de filtres UV. L’armure estivale a des branches en titane

Oversize ou aviateur : derrière les lunettes de soleil se cache une guerre de style, d’ego et de filtres UV

Elles protègent du soleil, mais surtout du regard des autres. Entre diva masquée et pilote d’appoint, la lunette d’été n’est plus un accessoire : c’est un manifeste.

Elles ne corrigent rien, mais elles corrigent tout. Pas la vue, non. L’humeur. L’allure. L’identité. En été, les lunettes de soleil sont moins un outil optique qu’un outil conceptuel : elles ne montrent rien, elles suggèrent tout. Elles ne protègent pas de la lumière, elles protègent de la vérité.

Il y a ceux qui assument : « Mes lunettes, c’est mon hétéronimie. » Autrement dit, une double vie posée sur le nez. Le matin, comptable. L’après-midi, starlette. Le week-end, agent double à la terrasse du Flore, incognito derrière des verres dégradés. Et le soir, si tout va bien : DJ dans un bar à vinyles sans clim’.

Les oversize : bouclier de vibe, masque de gueule de bois

Impossible à rater : les lunettes oversize sont aux visages ce que les portes blindées sont aux bunkers. Elles protègent des UV, du jugement et du maquillage qui a fui. Leur mantra : « Je suis là, mais ne me regarde pas. » Un outil parfait pour celles et ceux qui ont fait la fête la veille, ou qui veulent donner l’impression de l’avoir fait.

C’est l’accessoire-totem des divas postmodernes. Anna Wintour en a fait son casque de guerre. Victoria Beckham les porte comme d’autres portent une armure. Kim Kardashian a redéfini le concept de « face visible » avec des lunettes de la taille d’un drone. Même Amy Winehouse en portait pour faire passer un taux d’alcoolémie légal à l’ONU.

Mais derrière ces hublots teintés, on trouve souvent autre chose : un syndrome d’épuisement social, une paupière qui tremble, ou une insoutenable envie de dire « laissez-moi tranquille ». L’oversize, c’est la cloison mobile de l’intime. Le bouclier de vibe. Le rideau de scène du moi public.

Les lunettes aviateur : brevet de pilote X ou cosplay de Tom Cruise ?

À l’autre bout du spectre, il y a les aviateur. Monture fine, verre miroir, mâchoire contractée. Top Gun dans la tête, Deliveroo dans les mains. C’est l’uniforme de l’homme qui ne sait plus très bien s’il va à un brunch bio ou à un défilé de motards. Sur Instagram, la légende est toujours la même : « Ready for take off. » Dans la réalité : il prend la trottinette électrique pour aller au rade du coin.

Mais attention, l’effet fonctionne. Le verre miroir cache l’incertitude. L’arête métallique souligne la virilité. C’est un peu l’équivalent d’un bras tatoué : tout le monde sait que c’est de la pose, mais tout le monde regarde quand même.

Version féminine ? L’aviateur se gender-fluidise. Portée par les influenceuses au front dégagé, les lunettes façon « j’ai volé l’uniforme de mon ex » font fureur. Les plus cyniques diront : c’est du cosplay de G.I. Jane à Bali.

« T’as de belles lunettes, tu sais »

Les lunettes de soleil ne servent plus à mieux voir. Elles servent à mieux être vu. C’est le prothèse de l’image. Le protège du selfie. La preuve par le verre qu’on a compris la société du spectacle.

Certaines prennent plus de place que la Tour Eiffel dans les poses Instagram. D’autres finissent en haut du crâne, accessoire capillaire déguisé, comme si les UV venaient d’en bas. D’autres encore sont choisies en fonction du maillot de bain, du sac, voire de l’humeur astrologique du moment.

Les plus poétiques citent Baudelaire — revisité : « Les lunettes sont le miroir de l’âme, mais en UV400. » Les plus sobres, eux, citent Jacques Dutronc, modèle existentiel : lunettes noires pour jours trop clairs. Ou trop flous. Ou trop chargés.

Matrix, Men in Black et le syndrome du flic cool

De Neo à Tommy Lee Jones, les lunettes noires sont aussi l’attribut du mec qui sait. Celui qui voit le code derrière les apparences, les aliens derrière les collègues de bureau, et les vérités derrière les likes. Il ne sourit pas. Il ne cligne pas des yeux. Il observe. Mais derrière ce flic cool de science-fiction, il y a toujours un petit garçon qui ne supporte pas le regard d’autrui. Les lunettes noires, c’est la cape d’invisibilité des adultes.

Oversize ou aviateur : miroir de ton désir d’exister

Le choix entre oversize et aviateur n’est pas anodin. Il en dit long. L’un crie : « je suis trop pour vous ». L’autre chuchote : « je suis au-dessus de vous ». L’un protège l’âme, l’autre projette le style. L’un masque, l’autre maquille.

Et puis, au fond, on plisse toujours les yeux en lisant un menu en terrasse. Le menu est trop petit, la lumière trop forte, les prix trop grands. On retire les lunettes. Et on redevient soi-même : myope, fauché, un peu en sueur.

Qui suis-je derrière mes verres ?

Les lunettes de soleil ne disent pas qui nous sommes. Elles disent qui nous voulons être. Star ou espion, pilote ou poète urbain, diva masquée ou minimaliste ascendant fast fashion japonaise. Elles filtrent les UV et les affects. Elles racontent une histoire. Parfois un mensonge.

Alors, lunettes oversize ou aviateur ? Vous avez quatre mois pour choisir, avant que les jours raccourcissent et que les regards se tournent à nouveau vers vos cernes, sans filtre, sans verre, sans défense.

Les clashs de l’été à lire sur Pr4vd4

(c) Ill. têtière : Оля Жеребцова (ça s’invente pas !)

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