Pølitique

Le régime, ou le poids de l’oppression

Par Laika 031157

Le 24 avril 2025

Un dîner chez Louise Michel où Bakounine, Proudhon et Goldman débattent du régime… Politique ou minceur ? Huis clos anarchiste entre rires et toasts

Paris, Montmartre, 45 boulevard Ornano, chez Louise Michel – Une soirée sous le signe de l’anarchie, du pain noir et des idées sans graisse.

Ce soir, dans mon modeste logis, j’ai réuni la fine fleur de la pensée libertaire. Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Reclus, Malatesta, Goldman et Bookchin ont répondu à mon invitation.

La table est dressée tant bien que mal. Quelques assiettes ébréchées, du vin rouge dans des verres dépareillés et un pain plus dur qu’une barricade. L’ambiance est à la chaleur de mai, et à la controverse. Il n’a suffi que d’un mot – « régime » – pour enflammer la discussion et générer des idées aussi décousues que mes nappes.

Bakounine mord dans un morceau de pain rassis et grogne :
— La vraie question n’est pas ce que nous mangeons, tovaritch, mais pourquoi nous devons encore mendier notre pain ! L’État nous gave quand ça l’arrange, da, puis nous laisse crever !

Proudhon hausse les épaules et sert un ragoût maigre dans les assiettes :
— La solution, camarades, réside dans ce que nous pourrions nommer un mutualisme culinaire ! Que chacun prépare pour l’autre, dans un échange équitable et fraternel. Plus d’autorité, plus de maître pour nous dicter ce qui doit emplir nos estomacs !

Goldman repousse son assiette d’un air faussement contrarié mais marqué par le grand air canadien :
— Ben non ! Moi, je veux choisir ! La liberté, ça commence par ce qu’on met dans son assiette ! C’est encore une idée d’homme, ça, de dire aux autres quoi manger !

Malatesta agite sa fourchette comme une arme :
— Et à quoi bon un choix si c’est dans la misère, eh ? D’abord, on jette les maîtres à bas, mamma mia, ensuite on discutera du menu !

Bakounine ricane et trempe son pain dans le ragoût :
— Et s’il faut jeter la table aussi, davai, faisons-le !

Kropotkine lève une patate en guise de sceptre et intervient :
— Mes amis, la solution est naturelle ! Dans la nature, niet besoin d’un État pour réguler la répartition des ressources. Regardez les fourmis ! Elles coopèrent sans jamais avoir besoin d’un tyran !

Reclus tapote la table d’un air songeur :
— Les fourmis, certes, sont un modèle d’organisation, mais gardons-nous de tomber dans les excès d’une industrialisation forcenée ! Il nous faut repenser notre rapport à la terre, à l’équilibre naturel, à la mesure en toutes choses…

Bookchin fronce les sourcils et désigne la table d’un geste large :
— Voilà bien votre problème, les rêveurs ! Seriously ! Et qui organise cette belle répartition ? Des comités autogérés ! C’est une question de gouvernance populaire ! You gotta be kidding me !

Exaspérée, je levais mon verre :
— Silence, bande d’affamés ! Que celui qui veut abolir le régime commence par finir son assiette !

Goldman sourit malicieusement, de ses lèvres gelées :
— Et si jamais il veut qu’on mange sans assiettes, ça va être quoi ?

Bakounine s’étrangle de rire :
— Alors qu’il mange dans sa main, idiot, et qu’il renverse la table tant qu’il y est !

Malatesta prend la balle au bond et lance une miche dans l’assistance :
— Une table, capito ? C’est fait pour être renversée, presto !

Reclus esquive de justesse et renvoie avec force :
— Et si table il doit y avoir, qu’elle soit faite d’un bois issu du commerce équitable, au moins ! Que nos actes soient en accord avec nos principes !

Rires et fracas anarchistes.

Ce dîner chez Louise Michel s’achève sur une évidente conclusion : nul ne s’accorde sur un régime, qu’il soit alimentaire ou politique. Mais une chose est certaine, chacun veut briser ses chaînes, quitte à briser aussi la croûte (et les murs selon Berurier Noir).

***

(c) Ill. têtière : DALL·E 2025-02-27 17.47.47 – A lively 19th-century anarchist dinner scene in a modest Parisian apartment at 45 boulevard Ornano, Montmartre.