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Ces astro-Crésus qui pétaradent vers l’infini…

Ces astro-Crésus qui pétaradent vers l'infini : on sauve la planète… Une montgolfière de luxe à la fois ! Ces "Space Cowboys" friment au lieu d'agir pour le climat.

Ces astro-Crésus qui pétaradent vers l’infini : on sauve la planète… Une montgolfière de luxe à la fois !

Alors que le pékin moyen se serre la ceinture (surtout après les agapes dominicales arrosées au Beaujolais nouveau*), une nouvelle espèce de nantis s’offre des virées cosmiques à des prix défiant toute logique… et tout bon sens écologique. Ces « Space Cowboys » du dimanche, autoproclamés sauveurs de l’humanité, semblent avoir trouvé le moyen ultime de réduire leur empreinte carbone : la propulser à coups de kérosène hors de l’atmosphère terrestre pendant onze précieuses minutes.

La fine fleur de la fortune mondiale a décidé que le meilleur moyen de lutter contre le réchauffement climatique n’était pas de trier ses déchets (trop prolétaire), ni de prendre le train (trop de risque de se retrouver coincé entre un contrôleur grincheux et un voyageur ronflant), mais bel et bien de s’envoyer en l’air. Littéralement.

11 minutes de vol

À grands renforts de communication dégoulinante de bons sentiments (« Je veux inspirer les jeunes ! », « Nous devons explorer de nouveaux horizons pour l’humanité ! », « Mon banquier m’a dit que c’était un excellent placement à long terme… très long terme »), ces milliardaires à l’égo surdimensionné (un peu comme leurs fusées, mais en moins fiables) se lancent à la conquête de l’espace. Enfin, « conquête » est un bien grand mot pour une virée de onze minutes à cent bornes d’altitude, le temps d’apercevoir la courbure de la Terre et de prendre un selfie flou avec un vague fond bleuté.

Mais ne soyons pas mesquins ! Ces pionniers des temps modernes ne lésinent pas sur les moyens pour accomplir leur noble mission. Chaque vol, d’une durée équivalente à une pause-pipi prolongée, crache dans l’atmosphère une quantité de gaz à effet de serre comparable aux émissions annuelles d’un petit pays insulaire (qui, ironiquement, risque d’être englouti par les eaux à cause de la fonte des glaces que ces mêmes vols contribuent allègrement à accélérer).

Arguments planants

Prenons l’exemple de Jeff « La Tête dans les Étoiles » Bezos, le fondateur d’une célèbre librairie en ligne qui a visiblement décidé de diversifier ses activités en vendant des tickets pour l’au-delà (enfin, presque). Son engin spatial, baptisé avec une modestie toute terrienne « New Shepard », propulse ses passagers fortunés à une vitesse vertigineuse grâce à des tonnes de carburant dont la combustion doit ravir les militants écologistes. On imagine déjà les réunions houleuses chez Greenpeace : « Alors, on bloque une raffinerie ou on essaie d’accrocher une banderole sur une fusée qui file à Mach 3 ? » Le dilemme est cornélien.

Et que dire de Richard « Le Chevelu de l’Espace » Branson, le magnat aux multiples casquettes (compagnie aérienne, île privée, bientôt une station spatiale avec option all-inclusive) ? Son vaisseau, le « VSS Unity » (un nom qui respire la fraternité cosmique, n’est-ce pas ?), effectue des bonds suborbitaux avec une élégance toute britannique (comprendre : ça coûte un bras et ça arrive en retard). Les passagers, triés sur le volet (comprenez : ceux qui ont un compte en banque aussi profond que le canyon de Mars), peuvent flotter en apesanteur quelques instants, histoire de se sentir privilégiés… avant de retomber sur Terre avec la désagréable sensation d’avoir payé le prix d’une villa à Saint-Tropez pour une expérience qui ferait passer un manège de fête foraine pour une attraction à sensations fortes.

Mais ne soyons pas injustes ! Ces vols spatiaux ont des retombées positives… pour les actionnaires des entreprises concernées et pour les fabricants de champagne spatial (un marché en pleine expansion, paraît-il). Et puis, imaginez le storytelling ! « J’ai vu la Terre depuis l’espace ! » Voilà une phrase choc à placer lors de vos dîners mondains, juste après avoir raconté vos dernières vacances aux Maldives (en jet privé, évidemment).

Ces messieurs se justifient en expliquant que ces premiers vols sont des étapes cruciales vers la colonisation d’autres planètes, une sorte d’Arche de Noé intergalactique pour sauver l’humanité en cas de catastrophe écologique sur Terre (ironiquement, encore une fois). On imagine déjà les conversations sur Mars : « Alors, vous avez pris quelle navette ? Ah, la Bezos Class, très bien. Nous, on est sur la Branson Deluxe, les cocktails Molotov sont inclus dans le forfait. »

Ensuite, il y a l’argument massue : « Cela va inspirer les jeunes ! » Bien sûr ! Quel enfant ne rêve pas de polluer allègrement pour s’offrir un aller-retour express dans l’espace ? C’est tellement plus motivant que de se coltiner des équations de maths ou de trier ses emballages. On imagine déjà les cahiers de doléances dans les écoles : « Maîtresse, quand je serai grand, je veux être astronaute milliardaire pour cramer du kérosène et faire des selfies dans le vide ! »

Alors, bien sûr, on pourrait ergoter sur le bilan carbone désastreux de ces escapades de luxe. On pourrait souligner que l’argent dépensé aurait pu être investi dans des solutions concrètes pour la planète (énergies renouvelables, reforestation, développement de transports en commun efficaces… des trucs barbants, quoi). Mais où serait le rêve ? Où serait la possibilité de frimer en racontant qu’on a flotté en apesanteur pendant trois minutes et demie ?

Pr4vd4 prend part à l’aventure spatiale

Chez Pr4vd4  on avoue une certaine fascination pour ces initiatives… surtout pour le potentiel comique qu’elles représentent. Nous aussi, on rêve secrètement de monter à bord d’une de ces fusées, histoire de vérifier si les rumeurs sur la qualité du caviar spatial sont fondées et si les toilettes en apesanteur sont aussi compliquées à utiliser qu’on le prétend. Mais notre budget « piges » étant plus proche du néant intersidéral que des milliards de dollars, on se contentera de commenter ces exploits depuis notre bureau parisien, en sirotant un café soluble et en rêvant d’un jour où l’on pourra payer nos impôts en cryptomonnaie martienne.

Alors, ces vols spatiaux pour milliardaires, gadget futile ou avancée cruciale pour l’humanité ? Nous penchons plutôt pour la première option, mais on est ouverts à la discussion (surtout si un de ces messieurs nous offre un billet gratuit). En attendant, on continuera à observer ces astro-Crésus avec un mélange d’amusement et d’indignation, en se demandant quelle sera leur prochaine lubie : des colonies de vacances sur la Lune avec toboggan géant ? Des courses de Formule 1 sur Mars ? On ne serait pas surpris. Après tout, quand on a les moyens de s’offrir un aller-retour express dans l’espace pour le prix d’un hôpital flambant neuf, plus rien ne nous étonne.

Sur ce, on vous laisse méditer sur cette question existentielle : vaut-il mieux sauver la planète ou prendre un selfie en apesanteur ? La réponse, comme souvent, se trouve peut-être entre les lignes… ou dans les nuages de fumée laissés par ces drôles d’oiseaux de l’espace.

À la semaine prochaine pour de nouvelles révélations croustillantes (on a des infos exclusives sur le régime à base de poussière d’étoiles de Gwyneth Paltrow) !

* Ceci n’est pas un placement de produit

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