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Tongs ou sandales : faut-il vraiment souffrir pour libérer ses orteils ?

Tongs ou sandales : la guerre des orteils fait rage. Liberté, laideur, douleur… L’été met nos pieds à nu. Et nos contradictions, aussi

Tongs ou sandales : la guerre des orteils fait rage. Liberté, laideur, douleur… L’été met nos pieds à nu. Et nos contradictions, aussi

Été 2025 : vos pieds sortent du placard, et avec eux, vos névroses. Tongs, sandales ou repli stratégique en baskets ? Derrière la chaussure ouverte, l’âme en plein courant d’air.

Elles claquent, elles tapent, elles glissent : les tongs ne passent jamais inaperçues. Il y a dans cette semelle plastique et ce V en caoutchouc l’expression la plus pure d’un je-m’en-foutisme radical. Mettre des tongs, c’est dire au monde : « je vis en Qi Gong permanent », même si je suis juste sur le RER B direction Mitry-Claye.

Les vrais adeptes vous diront que c’est un mode de vie, presque une religion — Jésus en portait (sans doute modèle « Nazareth 33 »), et les surfeurs australiens en ont fait un sacrement. D’autres y voient un abandon, un pacte avec la poussière de ville, une promesse faite à la crasse. « « « Les tongs en ville, c’est un pacte avec Satan par le pied » — aurait murmuré Karl Lagerfeld, un jour d’orage sur le parvis de Colette.

Et puis il y a cette vérité difficile à regarder en face : les pieds sont moches. Ils suent. Ils ont des ongles qui partent en torche. Et les tongs ne leur laissent aucune échappatoire. Se mettre en tongs, c’est comme se mettre à poil des orteils. C’est la nudité sans poésie. Le slip de bain du pied. Le King Kong de la dégaine estivale.

Les sandales, un scandale

À l’inverse, les sandales voudraient sauver les apparences. Elles s’attachent, s’enlacent, parfois s’étranglent. Le cuir, la corde, les boucles — tout est là pour dire : « je suis ouvert, mais je contrôle ». Les sandales, ce sont les émotions sécurisées par scratch.

Mais derrière ce vernis artisanal se cache parfois une souffrance indicible. Talons spartiates qui lacèrent les malléoles, brides qui scient les peaux, sandales compensées qui transforment une simple promenade en croix de Golgotha. Ce n’est plus Gladiator, c’est Sadomaso à Palavas-les-Flots.

Les influenceuses, elles, optent pour la sandale-objet. Manolo Blahnik pour Carrie Bradshaw, Chanel en corde bio pour les autres. Elles postent leurs pieds dans des poses contorsionnées, un smoothie kaki à portée de main, pendant que leur hallux valgus pleure hors champ. L’algorithme ne voit pas la douleur. Il ne like que la lanière.

Sartre, la sueur et la tong

« « « L’enfer, c’est les pieds des autres » » », aurait dit Sartre s’il avait pris la ligne 13 un 18 juillet à 17 h. Car la tong ne protège de rien : ni des champignons, ni des projections douteuses, ni de cette violente claque sonore qu’elle produit à chaque pas, comme un morse désorienté.

C’est aussi la chaussure de l’accident permanent. Elle glisse. Elle se coince. Elle se dédouble. Elle ne permet ni l’élan ni la fuite. Essayez donc de faire du vélo avec des tongs : c’est comme courir un marathon en tuba. Les sandales s’en sortent un peu mieux — mais pas pour les pédales. Trop d’accroches, trop de frottements. Et cette phrase terrible, entendue dans un camping naturiste équipé de vélos électriques : « Les sandales, c’est pas pour les pédales. » Sic transit gloria pedis.

Tongs Havaianas vs Birkenstock : le duel social

D’un côté, les tongs Havaianas, importées de Hong Kong en palette de 12, arborées par des ados mi-nudistes mi-influenceurs, qui cherchent encore le sens de la vie entre deux TikToks. Elles disent : « je suis chill, je suis glow, j’ai cramé 3 couches de peau, mais j’ai du styyyyle. »

De l’autre, les Birkenstock. Chaussure d’initiés. Solide, plate, allemande. Symbole d’une gauche qui jardine, qui médite, qui fait sa propre lessive aux cristaux de soude. Mais aussi nouvelle icône de la mode post-ironie. Vous croyez moquer les écolos, et vous voilà en Birk, socquettes blanches et tote bag, à commander une limonade fermentée à 9 euros.

Le choix entre les deux ? Utilisez un test de Rorschach pour plante des pieds.

Que reste-t-il à nos pieds ?

Alors, sandales ou tongs ? C’est un peu comme choisir entre Sex and the City et Into the Wild. Entre Carrie Bradshaw et Jésus. L’une veut briller sur le rooftop du Bristol, l’autre marcher sur l’eau. Et vous, où êtes-vous ? Au Lidl en claquettes ? Au Hellfest en Doc Martens ? À Paris Plages, dans une sandale de maire, prête à plonger dans la Seine — ou à y perdre la foi ?

Au fond, peu importe. Ce que révèle votre chaussure estivale, ce n’est pas seulement votre style. C’est votre seuil de tolérance à la moiteur, au ridicule, à la norme. C’est votre stratégie de survie face à 40 degrés sur bitume. Car comme disait un vieux sage anonyme, probablement en slip, assis sur un banc public : « Le pied libéré, c’est l’esprit ventilé. »

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(c) Ill. têtière : david ortega

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